Booster notre organisme par une alimentation équilibrée et un mode de vie sain barre la route aux virus. Micronutritionniste, la Dr Fabienne Burguière livre sa feuille de route.
Au soleil, face à la montagne, Fabienne Burguière nous reçoit, sans masque, sur la terrasse de son chalet. Ancienne chirurgienne des hôpitaux de Paris, la médecin lausannoise tient à donner de l’audience à ses recommandations pour renforcer notre immunité contre les infections. A la veille de l’hiver, elle écrivait au conseiller fédéral Alain Berset pour agir de façon préventive contre la covid : « Plutôt que d’attendre un vaccin, redonnons déjà de l’espoir aux gens avec des conseils préventifs simples afin qu’ils soient proactifs de leur santé. Ils peuvent agir simplement pour échapper aux virus et bactéries potentiellement graves. »
« La clef de voûte de notre santé »
Notre immunité s’appuie sur les globules blancs et les anticorps qui sont les éléments de base pour la conception de vaccins, ils permettent de neutraliser rapidement les agents infectieux, voire d’empêcher des symptômes de se manifester, explique la Dr Burguière : « Pour booster cette clef de voûte de notre santé, il faut se concentrer sur ses trois piliers fondamentaux : le soleil et une alimentation riche en omégas 3 et en zinc. »
D’abord, profitons du soleil ! Comme le révèle la Revue médicale suisse, à partir de la cinquantaine, on peut souffrir d’une carence en vitamine D induite par les journées très courtes de l’hiver, un ciel couvert et un corps emmitouflé ; avec peut-être encore un masque sur le visage quand on se promène.
Idéalement, il faudrait que nous nous exposions au moins vingt minutes par jour pour synthétiser suffisamment de vitamine D ! Alors prenons-en en complément alimentaire quand ce n’est pas possible ; sous forme de gouttes ou d’huile de foie de morue. La vitamine D3 s’est révélée très efficace l’été dernier en Espagne sur des patients hospitalisés pour la covid, révèle une étude : 2% des « vitaminés » ont fini aux soins intensifs et aucun n’est décédé alors que 50% des malades n’en ayant pas pris ont dû y aller et certains sont morts.
Poissons gras de la mer en priorité
Ensuite, pour s’enrichir d’omégas 3 EPA, la micronutritionniste conseille de manger deux à trois portions par semaine de poissons gras : anchois, sardines, maquereaux, thons, saumons, consommés frais ou en conserve. Et on peut compléter avec de l’huile de lin (1cc/jour). Ne doit-on pas craindre l’absorption de métaux lourds dans le poisson ? « C’est un danger à relativiser estime la médecin. Par principe de précautions, privilégions les petits poissons qui se trouvent au début de la chaîne alimentaire et sont ainsi exempts de métaux lourds. »
Enfin, le zinc est le troisième élément essentiel pour notre immunité. Il se retrouve dans une alimentation variée, surtout dans les huitres et fruits de mer, la viande de bœuf, les lentilles, les noisettes et amandes. Mais attention, prévient la Dr Burguière : « l’absorption digestive du zinc est freinée par une trop grande consommation de céréales et de fruits. »
Et si on souhaite vérifier la qualité de notre immunité, une prise de sang repérera une éventuelle carence de vitamines D, d’omégas 3 et de zinc.
Le sommeil d’avant minuit
Notre immunité bénéficie aussi d’un sommeil en suffisance et de qualité. De combien d’heures, docteur ? « Chacun a déjà entendu les judicieuses recommandations de dormir huit heures par jour. Et comme disait nos grand-mères, le sommeil d’avant minuit compte double. » Un savoir ancestral confirmé par la science ; la sécrétion de mélatonine qui favorise l’endormissement débute à partir de 21 heures pour s’achever vers 7 heures. Et aller au lit vers 22h30 favorise de bonnes nuits. « A nous de veiller à dormir assez pour être en forme à notre réveil. »
Dernier atout pour notre immunité, soyons attentif à un excès de stress, responsable alors d’un taux trop élevé de cortisol qui peut troubler un sommeil de qualité. Cette hormone naturelle trop abondante menace donc notre immunité. Pour la contenir, la Dr Burguière recommande le yoga, le taï-chi, la méditation, la marche, l’écoute de musiques apaisantes.
Stimuler notre immunité pour se protéger des virus, la rendre plus forte, ça dépend d’abord de nous, sourit la Dr Burguière. « Soignons notre plaisir à nous dépenser dehors au soleil, mangeons diversifié, complétons avec des micronutriments et prenons le temps de lâcher prise pour nous reposer. »
Se protéger en quatre points
- Exposition au soleil chaque jour pendant vingt minutes et/ou prendre de la vitamine D3 ou de l’huile de foie de morue.
- Nourriture variée (zinc) en privilégiant les poissons gras (omégas 3), les légumes et les fruits.
- Activité physique quotidienne.
- Se coucher avant minuit.