Un brevet fédéral pour soutenir le processus d’intégration des migrants

Une nou­velle for­ma­tion est pro­posée à Lau­sanne aux accom­pa­g­nants romands des per­son­nes migrantes pour mieux les com­pren­dre, les informer et les conseiller.

Un nou­v­el organ­isme privé de for­ma­tion dans le domaine social, Parte­naire For​ma​tion​.ch, pré­pare des pro­fes­sion­nels de la migra­tion à un brevet fédéral dans ses locaux lau­san­nois. Depuis le début 2019, une pre­mière volée d’une dizaine de per­son­nes suit un cur­sus for­ma­teur de qua­torze mois pour dévelop­per des com­pé­tences pro­fes­sion­nelles favorisant l’intégration des pop­u­la­tions issues de la migra­tion. Ce brevet per­met aus­si d’accéder à des fonc­tions de cadre inter­mé­di­aire dans des insti­tu­tions sociales.

L’ac­cès à l’examen fédéral exige d’abord d’être tit­u­laire d’un CFC, d’une matu­rité fédérale ou encore d’un cer­ti­fi­cat d’une école spé­cial­isée. En out­re, il faut une expéri­ence d’au moins une année dans des tâch­es d’en­cadrement, de con­seil et d’ac­com­pa­g­ne­ment. Une expéri­ence plus longue est req­uise en l’absence des titres requis.

Ce brevet fédéral de spé­cial­iste de la migra­tion pré­pare les par­tic­i­pants à con­seiller, informer, soutenir les per­son­nes dans leur inté­gra­tion dans des sit­u­a­tions sou­vent com­plex­es. Au sein d’institutions sociales, ils tra­vail­lent en réseau avec les autorités, des inter­prètes, des psy­cho­logues, des juristes, des assis­tants soci­aux, des médecins et d’autres pro­fes­sion­nels. Ils offi­cient comme des relais entre les indi­vidus et les struc­tures sociales.

Mieux comprendre les migrants

Une pre­mière volée de nou­veaux brevetés en migra­tion achève sa for­ma­tion dans quelques semaines. Par­mi eux, une jeune femme de 31 ans, engagée au Cen­tre vau­dois d’in­té­gra­tion des réfugiés à Lau­sanne (CSIR). Yll­ka Pllana nous a con­fié sa très grande sat­is­fac­tion : « Après trois ans d’ac­tiv­ité, j’ai sen­ti que ces mois de pré­pa­ra­tion au brevet m’aidaient à mieux com­pren­dre les migrants lors de mes entre­tiens avec eux. Je me sens désor­mais mieux armée pour les con­seiller, mieux à même de répon­dre à leurs deman­des par­ti­c­ulières, par exem­ple pour des regroupe­ments famil­i­aux, tout en restant dans le cadre légal auquel nous sommes soumis. »

Cette pro­fes­sion­nelle de l’ac­com­pa­g­ne­ment des migrants est heureuse de mieux maîtris­er l’ac­cueil de ces nou­veaux arrivants dans le con­texte pro­fes­sion­nel du CSIR.

L’im­mer­sion dans une cul­ture étrangère, c’est un proces­sus com­plexe qu’il faut com­pren­dre pour être dans des pos­tures d’accompagnement, com­pé­tence à démon­tr­er à l’examen. « Face à des per­son­nes migrantes, il est indis­pens­able de com­pren­dre leur manière de com­mu­ni­quer », explique Véronique Schoef­fel, for­ma­trice en com­mu­ni­ca­tion inter­cul­turelle. Sou­vent, les per­son­nes d’Afrique, d’Asie ou du Moyen-Ori­ent regar­dent peu leur inter­locu­teur. C’est une manière d’exprimer du respect que l’on peine à com­pren­dre en Suisse. Les con­cepts de temps, de famille, de man­age­ment ou encore la ges­tion des con­flits sont eux aus­si très dif­férents d’une cul­ture à l’autre. La con­science de ces dif­férences per­met de mieux com­pren­dre les migrants et de les accom­pa­g­n­er avec davan­tage de sen­si­bil­ité et de manière plus appropriée.

Grilles d’interprétation

La for­ma­trice vise ain­si à leur apporter plusieurs grilles d’in­ter­pré­ta­tion des com­porte­ments et modes de com­mu­ni­ca­tion. « En ten­ant compte de modes d’ex­pres­sion dif­férents des nôtres, il devient plus facile de com­pren­dre la per­son­ne migrante et aus­si de lui faire com­pren­dre les attentes de notre pays à son égard. »

Pour attein­dre ses objec­tifs, la for­ma­trice tra­vaille surtout à par­tir de cas con­crets issus de la pra­tique des par­tic­i­pants. S’y ajoute égale­ment des films, des textes spé­cial­isés et des cadres théoriques pour l’analyse des sit­u­a­tions. « Il y a beau­coup d’échanges entre nous dans le groupe, des réflex­ions indi­vidu­elles nour­ries par des lec­tures personnelles ».

Avec leur brevet fédéral, ces spé­cial­istes de la migra­tion sauront mieux analyser les sit­u­a­tions pour mieux accom­pa­g­n­er, con­seiller et soutenir les per­son­nes migrantes dans leur proces­sus d’intégration. Un nou­veau groupe démarre la for­ma­tion à l’automne 2020.

Pour plus d’in­for­ma­tions : www​.parte​naire​-for​ma​tion​.ch