Montreux – Un commerçant raconte comment il est devenu artiste peintre en découpant des restes de tissus d’un magasin de confection.
Sur la Grand-Rue à Montreux, le gérant des magasins voisins Le Jazz32 et d’Aeschbach sait déployer des talents d’artiste-peintre pour personnaliser les modèles de sport de ses rayons de chaussures. Tiziano, nom d’artiste de Karim Nodari, parle de « customisation », cet art contemporain qui transforme des objets fabriqués à la chaîne en objets de collection. Une ordinaire paire de Timberland ressort métamorphosée de ses mains d’artiste-peintre.
Et il n’en reste pas là. Il vient se voir confier horloges neuchâteloises et morbiers pour leur donner un look moderne. En lui confiant ses précieuses pendules, l’horloger voisin de son commerce a imaginé de les mettre en valeur à travers une mini-expo à côté de son assortiment traditionnel.
L’art de découper dans des tissus
Comment l’art pictural de customisation réunit-il deux vendeurs de la Grand-Rue ? Tiziano est intarissable. Le quadragénaire inventif raconte d’abord comment sa première étincelle de créativité est née dans un magasin de confection de Crans-Montana il y a une vingtaine d’années. « Fan de mode, j’aimais trouver et acheter de belles pièces, taillées dans de belles étoffes. Je me suis amusé à récupérer des déchets de tissus sur mon lieu de travail et à les découper. Ensuite, je les superposais et c’est ainsi que je créais des assemblages colorés, des collages destinés à des collections de confection Homme. Je me suis mis alors à les reproduire en les dessinant sur papier. Pour le plaisir. »
Tiziano raconte avec enthousiasme la naissance de sa vocation d’artiste. « J’ai ensuite acheté de la peinture au rayon artistique de Coop Brico à Sierre. J’ai commencé par de la peinture acrylique. Puis je me suis mis à dessiner avec des stylos, à l’encre de Chine, sur du papier A4. Des créations libres et abstraites. Dessiner est devenue une passion. »
Arrivé sur la Grand-Rue à Montreux il y bientôt huit ans, Karim Nodari se met à customiser des chaussures de sport. « J’ai commencé par une vieille paire de Timberland. Aujourd’hui, une dizaine de paires se baladent dans le monde aux pieds d’anciens étudiants asiatiques ou latinos de l’Ecole hôtelière de Glion. »
Neuchâteloise customisée
Et les horloges ? « Mon confrère vendeur de pendules qui tient un commerce à côté du mien m’a un jour proposé de customiser une neuchâteloise. J’ai répondu que je ne faisais pas de tatouage. » Le pendulier a bien rigolé et montré une horloge neuchâteloise dont il souhaitait que Tiziano transforme et modernise l’habillage vieillot. « Et ces dernières semaines, il m’a confié un grand morbier. »
Aujourd’hui, Tiziano peint aussi sur toile, dans un style personnel oscillant entre le figuratif et l’abstraction. « J’ai même exposé dans des galeries à Montreux et Vevey et à chaque expo je vends au moins une toile. » Le vendeur de chaussures n’en est pas resté là. Il est aussi devenu disc-jockey à ses heures de loisirs. Mais ça, c’est une autre histoire. Un conte extra. Ce sera pour une autre fois.
Exposition dès le 28 octobre au magasin Le Pendulier, Grand-Rue 32 à Montreux.