La transformation des produits de la ferme est enseignée depuis 2016 en formation continue à Moudon.
Une volée de dix à quinze professionnels suit cette année des cours sur deux ans pour transformer leurs productions laitière, fruitière, maraîchère et céréalière en produits fermiers de qualité. Ils sont accueillis à l’école can- tonale Agrilogie de Moudon.
Leur profil : environ 30% d’hommes et 70% d’agricultrices, souvent des épouses de paysans qui perfectionnent leurs connaissances de recettes ancestrales pour assurer une transformation optimale des produits mis en vente. Il y a des années que le besoin s’en faisait sentir. L’école donne aujourd’hui aux paysans les moyens de créer eux-mêmes de la valeur ajoutée. Et sur les 3000 exploitants qui sont recensés dans le canton, quelques centaines d’entre eux s’y sont mis.
À la ferme, de nombreuses spécialités peuvent allécher les gourmets. On pense d’abord à la production laitière, que les nouveaux entrepreneurs de la ferme transforment en beurre, crème, yogourts ou fromages. De leurs fruits et légumes, ils fabriquent des conserves, purées et confitures, des fruits secs, des légumes lacto-fermentés comme la choucroute, des jus et sirops. Et même avec les céréales, les paysans savent aujourd’hui confectionner des pains spéciaux, pâtisseries, barres énergétiques, des assortiments de céréales pour les garderies d’enfants, de la bière. Et avec les légumes, même du ketchup… vaudois. Des produits transformés sur le lieu de production et vendus avec un label fermier, c’est une voie vantée par les professionnels du monde agricole.
Changer de dimension
Mais produire des confitures pour sa famille ou pour un marché local, c’est passer à une autre dimension. La marmite passe de 10 à 100 litres et il faut se donner les moyens d’assurer. Les méthodes de travail doivent être professionnelles et reconnues même si la production reste artisanale.
Les chefs de domaine sont alors appelés à investir, à acheter de l’outillage et le sortir de la cuisine de la ferme pour l’installer dans un local spécifique, qui doit être équipé en matière d’hygiène, comme l’exige aujourd’hui le Laboratoire cantonal de contrôle des denrées alimentaires à Epalinges. Pour un paysan, produire des spécialités artisanales de son terroir, c’est travailler en chef d’entreprise et investir quelques centaines de milliers de francs.
L’école d’agriculture de Moudon s’est donné les moyens de fournir la formation attendue de la nouvelle génération des agriculteurs. Ses enseignants transmettent les compétences indispensables pour mettre des recettes traditionnelles fermières au goût du jour, dans l’objectif d’augmenter la valeur ajoutée de la production agricole, tout en répondant aux attentes des consommateurs. En 900 heures de cours donnés sur un jour et demi par semaine, on leur apprend à maîtriser les techniques artisanales en cherchant à atteindre, si ce n’est à dépasser, les standards de qualité de l’industrie agroalimentaire.
Des dégustations et cours d’analyse sensorielle visent à leur en donner les moyens. Un premier défi technique. Ensuite, on leur enseigne les règlements et normes d’hygiène établis pour pénétrer les bons circuits de distribution. Et pour arriver au but, des connaissances en marketing sont essentielles à transmettre à ces professionnels de la terre, relève Thierry Gallandat, doyen de l’école. Ces cours de formation continue permettent d’obtenir une patente cantonale en élaboration de produits fermiers.
Pour la reprise automnale, la volée actuelle va inaugurer de nouveaux locaux dans quelques jours. Jusqu’ici dispersée dans divers bâtiments de Grange-Verney, cette formation se tiendra désormais sur un site nouvellement aménagé qui est devenu le laboratoire pédagogique de transformation des produits fermiers.